La cueillette sauvage ; développer une nouvelle intimité avec la nature
Il existe une panoplie de trésors sauvages au Québec, vous pouvez cueillir de nombreuses plantes aromatiques qui peuvent être utiles en cuisine ou dans notre cas, pour la production de recettes d’aromates pour l’alcool. Il ne faut pas nécessairement connaître toutes les plantes pour faire de la cueillette sauvage, il suffit de s’y intéresser petit à petit, une plante à la fois et votre répertoire s’élargira graduellement. Cependant, la cueillette de produits forestiers doit toujours être effectuée en respectant la faune et la flore.
Voici quelques conseils importants à savoir pour cueillir de façon éthique et durable. D’abord, assurez-vous de cueillir seulement les plantes que vous êtes sûrs de reconnaître, car il y a des plantes qui sont toxiques. Aussi, il est recommandé de faire la cueillette de plantes dans des endroits sains, non pollués soit loin des villes, des routes, des champs traités aux pesticides, etc. pour être certains que vos récoltes ne nuiront pas à votre santé. Une plante dont les fleurs donnent des fruits comestibles peut être mangée au complet et certaines plantes ont même des vertus qui peuvent aider le corps à rétablir la santé.
De plus, il faut cueillir seulement ce dont nous avons besoin, car les plantes ne sont pas toutes des ressources 100% illimitées. Également, il est préférable de ne pas cueillir toutes les feuilles d’une même plante, car ce geste pourrait nuire à la croissance des plantes. Certaines espèces fragiles et à croissance lente sont vulnérables, entre autres l’ail des bois et le gingembre sauvage, il faut donc éviter de trop les cueillir. Également, ce sont des espèces qui sont interdites de commercialisation au Québec, c’est pourquoi il est recommandé de ne pas non plus les cueillir pour consommation personnelle.
En outre, le moment opportun pour la cueillette des plantes diffère selon la partie de la plante désirée. En ce qui concerne les feuilles, c'est majoritairement le printemps puisque c'est le temps de l'année où elles regorgent de principes actifs et de nutriments. Ensuite, pour bénéficier de tous les nutriments des racines, il est recommandé de les récolter à l'automne. Pour ce qui est des fleurs, elles doivent être récoltées en début de floraison, quand le bouton est en processus d'ouverture. Cependant, il est aussi possible de récolter les bourgeons des fleurs ; il s'agit de la partie la plus riche en minéraux, vitamines et oligoéléments.
Par la suite, vous pouvez faire sécher vos aromates et même les congeler pour les garder plus longtemps et pouvoir les utiliser telles quelles hors saison. Le séchage doit être effectué rapidement après la cueillette, car autrement, les feuilles vont flétrir et perdre leur couleur. C’est un processus plutôt simple, mais il suffira de travailler votre patience, car c’est long.
D’abord, il faut nettoyer les plants à l’aide d’un linge humide et trouver un endroit chaud, sombre et sec pour les préserver. Ensuite, si vous avez gardé les tiges, vous pouvez faire des bouquets d’environ 7 branches attachées à l’aide d’une ficelle pour les accrocher vers le bas. Toutefois, si vous avez seulement les extrémités des plantes (fleurs, feuilles, etc.) et que vous ne pouvez pas les attacher en bouquet, ce n’est pas la fin du monde, il suffit juste de les déposer à plat avec un espace entre chaque pour éviter qu’elles moisissent. Finalement, une fois le séchage terminé, vous n’avez qu’à ranger vos aromates dans des bocaux en verre, à l’abri de la lumière et de l’humidité.
Quelques exemples d’aromates intéressants pour faire son gin à la maison
Épinette (Conifère à aiguilles rondes, prendre les pousses pâles et douces pour un goût rafraichissant non amère, cueillette de bourgeons à la mi-mai)
Sapin baumier (Conifère à aiguilles plates, particulièrement sensibles à la pollution donc cueillir dans des forêts de conifères loin des villes. Les aiguilles et les bourgeons sont une grande source de vitamine C, alors que la gomme de sapin est très riche en minéraux.)
Menthe sauvage du Canada (Se retrouve dans la section alluviale des rivages du St-Laurent, terrains humides – fossés, bords de chemins, prairies, rivages de cours d’eau, cueillette juillet-août ou automne)
Thé et petit thé des bois (Parties de la plante à récolter : fruits, feuilles, fleurs. Il pousse en sol frais, humide, dans les forêts de conifères, on les récolte du début juillet à la mi-août.)
Trèfle rouge (Très commun dans les champs, se récolte tôt le matin avant que les abeilles et les insectes les butinent, contient beaucoup de minéraux et protéines)
Myrique baumier (Cueillette des graines et des feuilles pour infuser, se retrouve en vastes colonies dans les zones inondables des lacs et des rivières, juillet-août)
Lavande (Se retrouve en climat chaud, sol sec. On la récolte de fin juin à fin août préférablement par un matin sec et ensoleillé.)
Baies de genévrier (très répandu dans forêts boréales au Québec, récolte dès l’automne avant l’hiver, préférablement avec des gants, car les épines sont piquantes)
Vous pouvez vous procurer des guides d’identification des plantes pour vous aider à les reconnaître par leurs caractéristiques physiques, notamment Le Grand livre des plantes aromatiques de Laurent Bourgeois, La Bible des herbes aromatiques de Stefan Buczacki et Plantes aromatiques et médicinales : 700 espèces N. éd.. de Lesley Bremness.
De plus, si vous n’êtes pas complètement à l’aise de commencer à faire de la cueillette sauvage seul, il existe plusieurs endroits qui offrent des ateliers et des activités d’initiation pour vous familiariser à la cueillette. D’ailleurs, le site Internet Le Semoir répertorie divers formateurs offrant des ateliers liés à la nature. Aussi, vous pouvez naviguer sur le site Gourmet Sauvage pour en apprendre davantage sur leurs ateliers.
Bonne cueillette!